Avec les contributions de Boris Cyrulnik (France), Hélène Romano (France), Xavier Emmanuelli (France), Bernard Rimé (Belgique), Sam Tyano (Israël), Kate Nowlan (Angleterre), Anne-Sophie Rochegude
(France).
À 6 ans, mon bonheur d'enfant
est arrivé à son terme : mon père quitte la maison après une querelle plus aiguë que les autres. Il paiera très cher son abandon du domicile conjugal. Ma mère l'accablera de tous les défauts,
l'abreuvera de malédictions et lui promettra l'enfer. Haine et vengeance la guideront désormais. Elle lui confisquera ses trois filles ; elle se servira d'elles pour contribuer à le détruire. Les
coups pleuvront sur deux d'entre elles, rebelles, pour qu'elles se conforment à ses volontés, maman toute puissante. Trois enfants qui grandiront péniblement dans la violence physique et verbale,
leurs anniversaires se succéderont sans bougies, sans cadeau, et personne ne s'usera la bouche en baisers pour elles. Peut-on sortir indemne d'une telle situation ? Je suis la dernière-née. J'ai
reçu un prénom d'amour, Fina, un prénom parfumé de leur bonté, que j'entendais quelquefois. C'était avant le fiasco. Les jeudis muets sont le témoignage de mon enfance maltraitée passée dans la
violence, la haine, le mensonge, la ruse, entre une mère manipulatrice et l'attente d'un père éliminé, considéré comme mort. La lecture et l'écriture m'ont permis de supporter l'insupportable et
de grandir malgré le monde inamical dans lequel j'évoluais, pour devenir à mon tour épouse et mère.
Alexandra
Riguet est journaliste et réalisatrice de documentaires.
« Nous
n’assurons plus la sécurité des enfants dont nous nous occupons... Ils sont en danger dans nos foyers ! » Ces propos glaçants sortent de la bouche d’éducateurs de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), censée protéger les enfants lorsque leur famille n’est pas en mesure de s’occuper
d’eux. Ainsi, en France, des enfants sont maltraités alors que l’institution est supposée les protéger !
Ici un pédophile, déjà condamné, engagé comme veilleur de nuit d’un foyer hébergeant des enfants. Là un travailleur social qui perd le contrôle de sa Ferrari avec 1,58 g d’alcool dans le sang, tuant ses deux passagères de 15 et 16 ans, dont l’une placée chez lui par les services sociaux. Là encore le directeur d’une association en charge de quelques foyers qui touche plus de 9 000 euros de salaire net par mois auxquels s’ajoutent des milliers d’euros de frais personnels payés par l’Aide sociale à l’enfance…
Notre pays dépense plus de 7,5 milliards d’euros pour la Protection de l’enfance. Où va vraiment l’argent public ? On parle de 200 000 professionnels pour s’occuper de ces enfants, mais ceux qui sont sur le terrain se plaignent du manque de personnel et de moyens. Comment expliquer et tolérer que sur les 150 000 d’entre eux qui vivent dans des foyers ou des familles d’accueil beaucoup finiront à la rue ?
Ce livre, résultat de plusieurs années d’enquête, est un SOS en faveur des enfants fragilisés, en détresse ou à l’abandon, plaie à vif de notre société dont trop d’indifférence et d’intérêts conjugués continuent de masquer l’existence.
Gérard Lopez. Collection: Enfances, Dunod
Qui sait qu’un enfant (ou plus !) meurt tous les jours sous les coups de ses parents ?
Ce livre dresse un constat destiné à interpeller les autorités politiques et sanitaires afin qu’elles acceptent enfin de considérer que la maltraitance est un problème majeur de santé publique.
La première partie, fondée sur la recherche scientifique, recense les conséquences et la fréquence des violences sexuelles et autres graves maltraitances infantiles, et s’interroge sur les causes
de notre obstination à nier l’évidence. La seconde partie, essentiellement pratique, illustrée par 25 cas cliniques, est consacrée aux solutions possibles pour les repérer, les dépister, et
finalement améliorer les pratiques professionnelles.
Anthropologie de l’inceste, livre 1.
Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l’inceste, en théorie
interdit et condamné, est couramment pratiqué dans l’intimité des foyers français. À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant
de l’ordre social. Il y apparaît comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe. Cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés
devenus grands, et auprès de leur famille, sont restitués dans une trilogie dont Le berceau des dominations forme le premier livre. S’appuyant principalement sur une série d’entretiens réalisés
en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille, l’auteur donne dans ce premier opus la parole aux incesteurs. Simples maillons d’une généalogie familiale où
l’inceste leur préexiste, on comprend que les incesteurs incestent par facilité, par mimétisme, par opportunisme, ou encore par identification. Sans complaisance, mais sans mettre l’incesteur en
position d’étrangeté, l’auteur guide le lecteur pas à pas dans un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres.
Les violences vécues très précocement sont préjudiciables au développement de l’enfant et, plus généralement, de la personne. Mais comment juger de la violence de telle ou telle pratique ? Quand
la violence physique laisse des traces visibles, elle peut être condamnée devant un tribunal. Mais elle n’en laisse pas toujours, et il en existe d’autres, qui laissent des traces non visibles,
la violence portée au fœtus, dont la sensibilité, pourtant reconnue scientifiquement, est parfois malmenée dans le suivi actuel des grossesses, et la violence symbolique qui refuse à l’enfant
l’accès à une partie de son histoire. Dans ce livre, Louise L. Lambrichs se fait l’écho des spécialistes les plus reconnus et les plus divers. Tous, psychanalyste, chercheur, anesthésiste,
sage-femme, juge des enfants… témoignent de la réalité de cette violence et de l’urgence de revoir notre manière de nous conduire avec le tout-petit.
Qui sont les victimes de violences sexuelles ? Quel est l’impact de ces violences ? Quelles prises en charge, quelle protection et quelle reconnaissance pour les victimes ? Quelles actions mettre
en place pour que leurs droits soient respectés ?
C’est l’objet de l’enquête “Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte”, menée de mars à septembre 2014 par l’association Mémoire Traumatique et Victimologie auprès des victimes de violences sexuelles, que de répondre à ces questions.
Par Anne-Claude Ambroise-Rendu – Pratiksha Baxi – John Borneman – Laurie Boussague – Dorothée Dussy – Fabienne Giuliani – Thomas Hochmann – Jenyu Peng – Jean-Louis Senon – Fabienne Terryn – Mélanie Voyer – Yan Warcholinski.Coordonné par Dorothée Dussy.
La figure du pédophile, longtemps indifférenciée de celle d’un délinquant de droit
commun, est aujourd’hui associée à celle du malade mental, du dégénéré, de « l’Autre » différent. L’enfant violé est passé dans le même temps du statut de victime d’acte de délinquance à celui
d’enfant traumatisé. Longtemps domaine réservé de la santé mentale,on voit émerger,
depuis quelques années, l’intérêt des chercheurs en droit, en histoire, en sciences politiques, en anthropologie, en criminologie, et plus largement en sciences humaines sur les rapports
complexes qu’entretiennent société et sexualité entre enfants et adultes.
Cet ouvrage collectif propose un premier tableau des recherches actuelles en sciences sociales menées à travers le monde, sur les questions d’inceste et de pédophilie. Il croise les approches disciplinaires, les regards, les méthodes et les différentes questions que pose la sexualité entre adultes et enfants. Le livre s’adresse à tous les publics : aux professionnels du travail social ou de la santé mentale, aux chercheurs, et à ceux qui ont fait l’expérience de la sexualité imposée.
Muriel Salmona, Collection: Hors collection, Dunod 2013
Les violences sexuelles, familiales, conjugales sont une réalité toujours peu prise en
considération par les acteurs médico-sociaux et politiques. Or les conséquences psychotraumatiques de ces violences sont énormes en terme de santé publique. Cet ouvrage entend dénoncer ce silence
et cette démission pour permettre aux victimes d’être réellement et efficacement traitées. Un livre document qui éclaire, explique et interpelle !
Maud Steiner, fille d’un père architecte Prix de Rome et d’une mère sculpteur, a grandi à Saint-Germain-des-Prés dans les années 60. Après le suicide de son frère Fabien, elle cherche durant quinze ans une explication. Au cours d’un travail thérapeutique, des flashs de sa petite enfance réémergent… L’amnésie s’efface.
Je suis chaque matin l’enfant qui arrive à l’école sans ses chaussures, en pleurant, mais quelle chance... son père est venu jusqu’à l’école, en courant le long du boulevard Saint-Germain pour que sa petite fille ait ses chaussures aux pieds et s’arrête de pleurer. Et que la honte d’avoir les pieds nus, elle est dérisoire face à une blessure en sept lettres, qui commencerait par la lettre « I », et ne se terminerait jamais. J’avais cinq ans. Je me sentais désavouée dans l’indifférence du monde. »
Mathilde BRASILIER raconte son histoire sous le nom d’emprunt de « Maud Steiner ». Le livre commence par la mort du père, le 21 Mars 2005. Une date marquée au fer rouge dans sa vie : « La bête meurt... La bête est morte » ; avec une autre, celle du suicide de son frère Fabien, le 6 mars 1985. Celui qui a fait de son enfance un enfer part rejoindre l’être qu’elle a le plus aimé, ce double qui ne vit plus que dans son souvenir. Mais ça, elle ne le sait pas depuis longtemps
Sylvain Moraillon met en cause les Services Sociaux avec un réalisme qui fait froid dans le
dos. Tout le monde passe à la moulinette de son expérience : le Jaf, les procureurs, les experts mandatés, les psychologues et les avocats. Alors, avec une plume méchante, agressive, vraie et
cruelle, Sylvain Moraillon raconte son calvaire et celui des autres parents. Non, un enfant n'est pas un jouet.
Sylvain Morillon est parolier, compositeur, producteur de télévision. Il est père de 3 enfants et vit à Paris. Il est vice- Président de l'association Violette–Justice
(association de défense des droits de l'enfant ; elle a vocation à intervenir contre les dérives de la justice et de l'action sociale les concernant) et de l'ADUA (association de défense des
usagers de l'administration).